C’est la « Fête aux moutons »
La mer est en goguette
Ses vagues guillerettes
Dansent sur les flonflons
Du vent qui les lutine
Et les jolies coquines
Retroussent leurs jupons
Sans faire de façons
Ourlés de perles d’eau
Leurs volants volent au vent
Et parent l’océan
D’aguicheurs oripeaux
Les grisettes se déchaînent
Interpellent le surfeur
Vers le large elles l’entraînent
Pour une heure de bonheur
C’est la « Fête aux moutons »
La mer est en goguette
Et les vagues sont prêtes
A combler d’émotions
Théo que rien n’arrête
Recherchant sur leur crête
Le plaisir inouï
D’un pari réussi
Le jeune homme les chevauche
Les domine en vainqueur
Et sans la moindre peur
Que la mort ne le fauche
Il triomphe, se déhanche
Jubile sur sa planche
Défie les éléments,
Du danger se riant
Bientôt l’océan gronde
Jaloux de ce fripon
Qui joue à saute-moutons
Ne pense qu’à faire le beau
Et s’amuse sur son dos
Il ne supporte plus :
« Qu’il retourne dans son monde,
Qu’on ne le revoie plus ! »
Les lutines au service
De l’irritable maître
Se livrent à l’exercice
qui consiste à créer
Des creux de quatre mètres
Pour déstabiliser
Le jeune freluquet
Venu les chatouiller
La fête dégénère
Le grand boss vitupère
Il s’associe au vent
Qui s’invite au grand bal
Et souffle en rafales
Pour affoler le môme
Malheureux petit homme
Luttant contre le courant.
Les perfides s’amusent
A le tournebouler
De leurs forces elles abusent
Et le voilà piégé
Dans d’effrayants remous
A en devenir fou
Il n’est plus à la fête
Il veut que ça s’arrête
Elles l’enlacent, les bougresses,
Le chahutent, les traîtresses
Il est pris malgré lui
Dans le grand tourbillon
De la « Fête aux moutons »
Il tombe de sa planche
Il est abasourdi
Et rêve de revanche
Mais il est impuissant
Face au déferlement
D’écume et de violence
De ces vagues assassines
Qui entrent dans la danse
Et s’abattent en trombes
Éclatant comme des bombes
Sur sa tête, sa poitrine
L’océan satisfait
Ordonne à ses sujettes
De mettre fin à ce jeu
Malsain et pernicieux
« Que la fête s’arrête !
Renvoyez-moi vite fait
Cet impudent garçon
Qu’il en tire une leçon ! »
Les vagues apaisées
rejettent sur le rivage
L’homme qu’elles ont malmené.
Groggy et chancelant
Il repart à pas lents
Son surf sous le bras
En lui-même il enrage
Oui, la fête est finie !
Du moins… pour aujourd’hui.
Demain il reviendra !