Le Traversier, Revue Littéraire
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Le danseur (revue25)

Texte proposé par Arlette Millard

Dans la nuit on le voit à peine
Il est replié sur lui-même,
C’est la musique qui le soulève,
Il hésite, courbé sur ses pas,
Il est un loup suivant sa proie,
Il apparaît dans la lumière,
Ses jambes sont des ponts de pierre,
Son torse est tendu comme un arc
Et de la tige de sa nuque
S’épanouit comme une fleur

Le beau visage du danseur.

Il court, talons claquant au sol,
On dirait le son d’un tambour,
Il est tambour, il est sorcier,
Il entre en transe par magie,
Il danse pour obtenir la pluie.
La pluie ruisselle sur son corps,
Il est le vent et la tempête,
Il est l’arbre déraciné, il tombe,
Il roule, pierre, dans le torrent,
Il dérive dans le courant,
Ballotté d’une berge à l’autre
Jusqu’aux rives de l’océan.
Il plonge, il glisse avec lenteur, il est polype, il est méduse,
Il allonge ses filaments au gré des marées et des vents.
Il est rejeté sur le sable, abandonné comme un bois noir,
Il est désespoir et douleur,

Le danseur.

Une ombre se penche sur lui,
Elle est la femme qu’il attend,
Il lui tend les bras, il l’enlève,
Il caresse sa peau et ses lèvres.
Il est l’amour qui le fait fondre,
Qui l’enivre et qui le foudroie
Et il sent éclater son cœur

Le danseur.

Il ouvre les ailes de ses bras
Et ses mains tendues, frémissantes,
Comme les antennes d’un voilier
Atteignent les sources des fleuves.
De ses doigts éclosent des branches,
S’envolent les colombes blanches,
Il est l’image du bonheur

Le danseur.

Il n’est plus lui-même, corps multiple,
Il saccage et il se délivre,
Et la musique le dévore.
Il brûle, il s’embrase, il est flamme,
Levant ses bras pleins de désirs,
Il fait un bond jusqu’aux étoiles
Et il défie la pesanteur

Le danseur.

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