
L’auteur est un spécialiste des sciences humaines. Dans cet essai qui détonne, la fantaisie qu’il nous livre est à la fois légère et grinçante, cultivée et revigorante. Sous un aspect ludique, humoristique et truffé de citations cocasses ou sérieuses, il aborde les problèmes de la société ambiante et le questionnement que tout un chacun traverse à un moment ou l’autre de son existence s’il entend se constituer en tant que sujet pensant, probe et libre, démocrate. Sans vouloir jouer au philosophe ou au sociologue et encore moins au donneur de leçons, l’auteur entend stimuler l’esprit critique du lecteur, en suscitant chez lui quelques sourires indispensables à l’espèce humaine qu’il secoue avec tendresse et vigueur, dans un phrasé rapide auquel on s’accroche très vite.
Extrait :
Décidément, le langage reste tourmenté et incomplet.….
Quand un diplomate vous dit « oui », il faut comprendre, sans exaltation triomphaliste, qu’il vous dit « peut-être » ; s’il vous dit « peut-être », vous devriez avoir saisi, si vous êtes normalement astucieux, que cela veut carrément dire « non » Ah bon, et s’il vous dit « non » d’entrée de jeu ? Alors il y a assurément de votre part une erreur sur la personne : vous ne parlez pas à un diplomate, c’est évident. C’est exactement le contraire de ce qui survient avec une femme « du monde », lorsque vous « poussez » vos arguments, selon l’expression que je situe à la limite du trivial caché. Quand elle vous dit « non » assez mollement, vous pouvez garder quelque espoir, cela peut signifier « peut-être » ; si elle vous dit « peut-être », c’est sa façon de dire « oui », réjouissez-vous et sachez en profiter avec délicatesse de sorte que chacun des deux sorte satisfait de cette heureuse conjonction ; si elle vous dit « oui » d’emblée, c’est votre affaire mais il est probable que vous vous soyez gouré sur l’étiquetage de « femme du monde » posé à la légère. Mon développement n’a rien de sexiste, il se veut sémantique, essentiellement ; de toute façon, vous ne valez ni plus ni moins que cette dame, ne l’oubliez pas, mais bon vent quand même, on n’a que le plaisir qu’on se donne…..